12 novembre 2005

Le respect ne se décrète pas. Il se mérite.


Juste vous dire.


Par Frédéric G.NIEDZIELSKI, Professeur à l’Ecole des Hautes Etudes Politiques de Paris.



Fils et petit-fils de mineur de fond, d’origine polonaise et de famille modeste, rouquin de surcroît, j’ai eu tout à ignorer de l’ascenseur social. J’ai épousé une femme d’origine gréco-albanaise dont les grands-parents avaient, avant que la France ne les accueillent, transité par l’Afrique du Nord. Notre destin commun fut peut-être d’avoir été élevés l’un dans une cité ouvrière du nord de la France, l’autre dans une banlieue ouvrière de l’est parisien.

C’était une autre époque. J’en conviens. Mais c’est toujours une autre époque. Essayons toutefois d’y consacrer, l’espace d’un instant, un moment de réflexion. Ce faisant dérogeons au principe selon lequel il ne faut jamais faire entendre « aux gens » ce qu’ils ne souhaitent pas entendre. Il en va ainsi de Nicolas Sarkozy. Ce ministre qui agace pour avoir osé dire qu’il « faut repérer les trafiquants, les chefs de bande, les caïds qui font vivre une économie souterraine sur l’économie saine du quartier ».

Je ne connais pas Nicolas Sarkozy. Par contre ce que je défends, c’est ce qu’on m’a enseigné: la justice, l’honneur et la dignité. La justice lorsqu’elle consiste à sanctionner toutes formes d’exactions car je ne peux supporter qu’on assassine un père de famille sous les yeux de son épouse et de sa fille. La justice lorsqu’on bat à mort une jeune fille dont la seule « faute » est de refuser un mariage forcé. L’honneur ? l’honneur c’est de savoir ne pas baisser les yeux. L’honneur c’est dire à qui veut l’entendre que je suis fier d’être français. Dire qu’il faut respecter mes lois, ma religion, mes convictions car je respecte celle des autres. Osez dire avec force et détermination, que ceux qui ne respectent pas nos lois n’ont rien à faire en France... ce pays dont je souhaite qu’il demeure une terre d’accueil.

La dignité enfin. Mot singulier parmi d’autres. Singulier et pourtant tellement signifiant. Etre digne c’est ne pas cracher, savoir dire bonjour, merci, pardon. C’est être digne que de chercher un travail, respecter un professeur, un espace public. Digne de partager un horizon, un idéal, un espoir, une joie, une peine. Ce sens de la justice, de l’honneur et de la dignité, je l’ai appris comme tant d’autres à l’école, à force de travail, de lecture et en respectant mes maîtres et mes parents. Je l’ai appris dans la rue, sur les terrains de foot, sur les pistes d’escrime mais jamais en mettant à mal le bien d’autrui, en brûlant des voitures, en invectivant policiers et pompiers.

Je suis professeur, haut fonctionnaire. Je n’en demeure pas moins fils d’ouvriers, ayant vécu dans une cité. J’ai été traité de « sale polack », de « chien rouge »...mais j’aime ma France. L’intégration ne sera jamais un prétexte aux délits. Jamais elle ne justifiera ce qui n’est pas excusable : le non respect de l’autre et de ses droits. L’intégration c’est le devoir que l’on doit à la France, à sa culture et son territoire... à soi-même en somme.

- Frédéric G.NIEDZIELSKI -

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