04 juillet 2007

Mais qui a besoin d'une leçon d'environnement donnée par une rock-star ?

A l'instar des musiciens de Arctic Monkeys qui critiquent l'"hypocrisie" des concerts mondiaux "Live Earth" de samedi, plusieurs stars du rock doutent de leur légitimité à donner des leçons d'environnement au reste de la planète.

"Cela peut paraître prétentieux que des gens de 21 ans comme nous essaient de changer le cours du monde", estime le batteur de Arctic Monkeys, Matt Helders, dans un entretien à l'AFP avant un concert parisien.

"D'autant que nous utilisons l'énergie de dix maisons simplement pour éclairer une scène de concert. Ce serait un peu hypocrite", ajoute-t-il.

"Sans compter qu'on passe tout le temps d'un avion à l'autre", renchérit le bassiste Nick O'Malley.

Sheffield, la ville industrielle du nord de l'Angleterre d'où sont originaires les musiciens du groupe phare de la scène rock britannique de ce début du siècle, a été victime de pluies torrentielles et d'inondations qui ont fait au moins deux morts le mois dernier, un effet parmi d'autres, peut-être, du réchauffement climatique.

"On nous a demandé de donner notre avis. Mais il y a des gens plus importants qui peuvent avoir une opinion sur le sujet", insiste Helders.

Les jeunes pousses d'Arctic Monkeys ne sont pas les seuls, dans le monde du rock, à s'interroger sur le bien fondé des huit concerts prévus samedi de Sydney à New York, qui vont mobiliser un déluge d'énergie et de vols long courrier pour sensibiliser le monde aux dangers du changement climatique.

Architecte des précédents méga-concerts "Live Aid" et "Live 8", le chanteur Bob Geldoff s'en est pris à l'ancien vice-président américain Al Gore, à l'initiative de "Live Earth", se demandant "pourquoi finalement il organisait" ces concerts, dans une interview à un journal néerlandais.

"La dernière chose dont la planète a besoin, c'est un concert de rock", a asséné Roger Daltrey, chanteur vétéran du groupe The Who, dans un entretien au quotidien britannique The Sun.

Neil Tennant, chanteur des Pet Shop Boys, groupe emblématique des années 80, n'est pas plus tendre avec ses congénères: "j'ai toujours été contre l'idée que des stars du rock fassent la leçon aux gens, comme s'ils savaient quelque chose que les autres ignorent", a-t-il lâché à la revue musicale britannique NME.

Mais les organisateurs de Live Earth font valoir que si deux milliards de personnes suivent les concerts de samedi, comme espéré, la campagne de sensibilisation contre le réchauffement climatique ne pourra qu'y gagner.

"Certains reprochent aux rock stars d'être des consommateurs effrénés, mais si nous pouvons les remettre dans le droit chemin, nous serons heureux de le faire", commente Youssef Robb, un des organisateurs.

Beaucoup d'efforts ont été consentis pour faire de Live Earth des concerts-modèle d'un point de vue écologique. Les spectateurs sont invités à pratiquer le co-voiturage ou à prendre les transports en commun, toutes les ampoules seront à faible consommation et la nourriture achetée sur place - dans toute la mesure du possible.

Les générateurs qui alimenteront le concert de Rio de Janeiro fonctionneront au bio-diesel et "il y aura des programmes extensifs de recyclage partout où nous pourrons utiliser des matériaux biodégradables", souligne M. Robb.

Enfin, les concerts seront "compensés" écologiquement: des experts, dont ceux de PricewaterhouseCoopers, vont calculer les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de "Live Earth" afin que les organisateurs les "compensent" par un don "vert" comme la plantation d'arbres ou le soutien à un projet d'énergie renouvelable.

Par Adam PLOWRIGHTPARIS (AFP)


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