01 juin 2009

Le danger des faiseurs de nœuds.


- Vous me demandez,
dit le vieux berger, si c’est un métier difficile que de conduire le troupeau de la Saint-Jean à la Saint-Michel, sans pertes ni dommages, et d’assurer aux bêtes bonne graisse et joli poil ?


Pas plus difficile que de manœuvrer la faux dans un pré d’herbe fine ou de charger les sacs de lavande sur le bât de l’âne placide. Seulement, les vieux bergers gardent pour eux les vrais secrets de leur réussite et nous aiguillent sur des routes accessoires, en nous persuadant qu’il faut connaître prières et magie là où leur bon sens a suffi. Les chargeurs d’ânes, eux, ajoutent malicieusement des nœuds superflus aux cordes du bât pour nous faire croire qu’il y a une science des nœuds et qu’ils en sont les grands maîtres.


Dans tout métier, il y a une technique à dominer, certes. On la domine, non par des trucs ou des sortilèges, mais selon des lois simples et de bon sens, car il n’y a jamais contradiction entre science et technique d’une part, bon sens et simplicité d’autre part. Le chercheur de génie est toujours celui qui va vers la simplicité et la vie.


Et ces lois, tout le monde les comprendrait si on parvenait, malgré les traceurs de fausses pistes et les faiseurs de nœuds, à les redécouvrir et à les accrocher comme de lumineuses enseignes aux carrefours des grands chemins de 1a connaissance.


Ce qui nous gêne et nous retarde dans cette recherche scientifique de la vérité, ce n’est pas la difficulté des problèmes à aborder, mais l’obstination diabolique avec laquelle, dès notre jeune âge, on nous détourne du bon sens, on nous nourrit d’ersatz, on nous use l’esprit par des définitions ou des invocations, on nous déforme l’entendement et l’intelligence en nous engageant dans les faux chemins et en nous apprenant à faire ou à défaire des nœuds !...


La vérité, c’est que nos maîtres et leurs serviteurs n’ont jamais intérêt à ce que nous découvrions les lois claires de la vie.


Ils vivent de l’obscurité et de l’erreur... et c’est toujours malgré eux et contre eux que nous réalisons notre culture.


Ce n’est pas à moi à vous dire comment vous pouvez découvrir et enseigner ces lois naturelles et universelles qui vous ouvriront très vite et définitivement les lois de la Connaissance et de l’Humanité. Ce que je sais, c’est qu’elles existent et que ceux qui les possèdent ont tous ce même air de sagesse et de sûreté, de calme et de simplicité, de générosité aussi, que vous lisez sur le front des vieux bergers, dans les mains intuitives des guérisseurs, dans les yeux profonds du savant, dans les décisions et l’action des militants dévoués, dans les paroles des sages.., et dans la confiance étonnante des enfants à l’orée de la vie.

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